Jens Harder nous offre un récit graphique de plus de 300 pages et 2000 images.
Certains artistes décident parfois d'abandonner tous leurs autres projets pour se consacrer à une œuvre plus ambitieuse que toutes celles qu'ils ont réalisées auparavant.C'est ce qu'a entrepris Jens Harder avec sa série : Le grand récit.
Le grand récit, dont le troisième et dernier tome vient de paraître, est une trilogie de bande dessinée qui a pour ambition de raconter l'histoire du monde et de l'humanité, du Big Bang jusqu'aujourd'hui.
Un projet démesuré qui a commencé en 2009 avec Alpha : Direction.
Cette bande dessinée exceptionnelle résume en 350 pages quatorze milliards d'années, du Big Bang à la fin de la période glaciaire.
Ce premier tome est d'une grande rigueur scientifique et parvient à raconter en images ce qui pourrait être indigeste avec des mots. En effet, Jens Harder essaye une nouvelle approche pour raconter l'Histoire. Il se passe souvent des mots, préférant mettre en parallèle des images de l'époque abordée avec des images de périodes plus récentes, nous montrant ainsi les conséquences d'une époque sur celles qui l'ont suivie.
Ainsi, les faits se mêlent aux mythes, la science à la culture et l'auteur semble presque s'adresser à nous dans un nouveau langage, fait d'images et de symboles, dans un savant mélange d'art, de science et de croyance.
Dans le tome 2, Beta : civilisation, l'auteur reprend la même formule, mais nous conte cette fois-ci les premiers millénaires de l'humanité, de la période des premiers chasseurs-cueilleurs à l'an zéro. Jens Harder met en résonnance ce passé lointain avec notre présent, comme par exemple lorsqu'il dessine, face aux plus anciennes sculptures découvertes, le sculpteur du XXe siècle Alberto Giacometti, au milieu de ses œuvres.
Le nom de ce dernier n'est d'ailleurs mentionné nulle part et, tout comme celle-ci, bien des illustrations ne sont pas légendées. Par conséquent, il vous faudra faire appel à vos propres connaissances, votre propre culture pour comprendre le sens de certaines associations d'images. Chaque lecteur pourra alors avoir une vision différente de l'ensemble.
Au-delà d'une simple leçon d'histoire, cette oeuvre s'attache donc aussi à donner un aperçu de la culture et de l'art dans toute leur diversité. Jusqu'à parfois atteindre une dimension philosophique, comme lorsque l'auteur dessine un homme masqué armé d'un lance-roquettes face à l'un des premiers hommes taillant un silex, .
Treize ans après avoir débuté sa série, Jens Harder la conclut cette année avec un troisième et dernier tome Beta : civilisation volume 2, deuxième partie de Beta civilisation, lequel était pensé initialement comme une seule bande dessinée. L'auteur achève ainsi son œuvre, une encyclopédie du monde en bande dessinée et démontre à travers cette trilogie que l'histoire du monde est bien plus complexe qu'une simple frise chronologique.